Passage l’Homme : balade à Ledru-Rollin

Dans le quartier Bastille Saint-Antoine, les portes cochères ouvrent sur des cours et des miracles, des Eden de pierre et de verdure, des petits ateliers et des grands artisans. Le Passage L’homrne est des plus beaux où la maison, Hollard perpétue la tradition du vernis au tampon, technique ébauchée sous Louis XVI (qui, on le sait, préférait Ïhorlogerie au point d’en perdre la tête). Alain Hollard n’a pas d’exclusive, allant de la restauration de beaux meubles anciens jusqu’à des travaux très contemporains pour quelque designer italien. Je ne bloque pas sur le XVIIIé siècle et le Second Empire, sinon c’est la sclérose. Je m’adapte. Tout ce qui est relatif au bois, pourvu qu’on le respecte, est dans mes cordes. Pour la restauration d’une commode, nous sommes un des maillons de la chaîne. Nous passons après le marbrier ou le bronzier. Le bel atelier sur cour (privée) noyé dans un pâle soleil d’hiver, est dans la famille depuis 1912. C’est mon arrière grand père qui a commencé. Moi, repris le flambeau parce que j’étais nul à l’école. Les profs voulaient me mettre en carrosserie automobile alors j’ai préféré rester dans le giron professionnel de la famille quand j’étais petit, il avait 35 artisans dans ce passage qui ne compte plus que moi. Les gens venaient dans les faubourgs comme ici parce qu’il n’y avait pas de taxes. Le haut de gamme plutôt que le tout venant est à l’image de cette entreprise centenaire ; où il arrive qu’on déplore les hordes touristiques et les badauds qui appréhendent Alain Hollard comme un figurant dans un film d’époque. Alors même qu’il est une référence dans son registre. Il n’y a pas d’école de vernis. Du coup, même les gens du Mobilier National viennent ici prendre des cours. J’ai même l’Etat comme client  : le Sénat, Matignon ou l’Elysée. Sans parler de quelques palais de monarchies arabes.

• Marks and Spencer Ledru Rollin